Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

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Camille L.
23 avril 2025
Textes d'ateliers

Le soir tombait. Les rues du camp étaient désertes. Encore tremblant de la colère qu'il n'avait pu contenir devant le cynisme de Boulard, le colonel Dax éprouvait le besoin de se retrouver seul.Alors qu'il allait ouvrir la porte de son appartement, un vacarme de sifflements, de cris, d'interpellatio...

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Sylvie Reymond Bagur Les sentiers de la gloire Epilogue
23 avril 2025
Pour voir la scène dont le texte est une adaptation : https://www.youtube.com/watch?v=0jvmvJ0TkKo Me...
Invité - Claire Pasquié Les sentiers de la gloire Epilogue
23 avril 2025
N'ayant pas été présente à cet atelier, je crois avoir compris qu'à partir d'une scène visionnée, le...
Invité - Claire Pasquié Mario
11 avril 2025
Le ton est plein d'une simplicité et d'une authenticité que j'apprécie beaucoup. Il y a des détails ...

Derniers articles de mon blog : conseils d'écriture, exemples, bibliographies, mes textes...

13 avril 2025
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Robert Doisneau (1912 1994), Un Regard Oblique, 1948 L’ironie appartient au monde des « regards obliques », monde dans lequel les regards des uns ne coïncident pas avec les regards des autres, monde de tous les jeux de mots, de photos, d’images et de textes dans lesquels les regards et, plus largement, le sens de ce qui est montré demande un décryptage.  Il y a le sujet (officiel, droit), le sens premier, explicite. Dans la photo ci-dessus, analysée par Philippe Hamon dans son livre lsur l'Ironie littéraire,  un couple examine un tableau dans une devanture… Mais la photo montre tant d’autres choses (le sens second, l’implicite ?) au travers du « biais de la photo », le regard oblique de l’homme ainsi que des détails (expression des visages, posture du couple, vêtements, enseigne en fond (teinturerie en italique, l’écriture penchée prisée par l’ironiste, et ce LEFRAN en angle comme un quasi-titre subliminal…).   Tentative de définition de l'ironie littéraire L’ironie, mécanisme plein de finesse, lieu de subtilité et de détours qui prennent des formes multiples, est un terme difficile à définir. Écartons d’entrée l’idée que l’ironie serait synonyme d’humour, même si l’on peut l’y associer, le comique et l’humour s’associent au rire tandis que l’ironie, à forte composante mentale, provoque un autre phénomène physiologique : le sourire. L’ironie fait partie de ce que l’on appelle les effets de style. Elle marque un écart, un jeu avec les règles d’utilisation du langage. Elle s’écarte de la soumission au seul projet de communication et de précision. Et l’on peut noter, non sans ironie, que la figure oblique de l’homme dans le tableau de Doisneau est désignée par le même mot, figure, que les éléments textuels que l’on nomme des figures de style.  Commençons par rappeler, même si ce n’est pas tpit à fait notre sujet - quoi que…-  le fait que l’on accorde volontiers une nature ironique à la nature, au destin, au réel, avec, par exemple, l’expression, étonnante quand on l’interroge, d’ironie du sort qui est devenue courante au début du XIXe. « Vers le ciel ironique et cruellement bleu. » a écrit Baudelaire.  Et Camus évoque « Le sourire niais indifférent du ciel. »    Nous nous centrerons sur l’ironie comme choix -stratégie ?-  de communication.  L’ironie se sert du sens explicite, le sens premier, pour dire autre chose, elle vise un sens second, un sens implicite. Si l’ironie vient du grec ancien εἰρωνεία / eirōneía, « ironie, dissimulation, fausse ignorance », elle n’est pas le mensonge. Celui qui ment pense A, dit non-A et veut faire croire non-A.  Dans l’ironie, on exprime A, l’on pense non-A et l’on veut faire entendre non-A à son interlocuteur. Il s’agit donc de faire entendre le contraire de ce que l’on dit.  L’ironie apparait d’entrée comme une figure de l’inversion, elle contrarie et, même, renverse « quelque chose » : une hiérarchie des pouvoirs, des valeurs, des habitudes, des évidences, des certitudes…   D’où l’importance cruciale dans l’ironie du contexte, de ce dont on parle, de ce que l’on évoque à demi-mot, plus important que ce qui est effectivement raconté ou exprimé. L’ironie n’est pas un simple jeu d’inversion ou de transgression.  Si l’euphémisme, en minorant l’expression de ce qui est dit, dissimule un mot ou une phrase au mieux un sentiment, une idée, le « Va, je ne te hais point » ne possède pas à lui seul d’arrière-fond qui le distinguerait du « Je t’aime », il l’exprime autrement par une négation de son contraire. L’ironie est aussi allusion, mais à quelque chose de plus vaste. Elle repose sur la reconstruction de tout un univers de sous-entendus (toute une psychologie, une morale, un mode de pensée…). La richesse de ce sous-texte ainsi que la façon de la convoquer donne à l’ironie une complexité, un pouvoir d’évoquer, de faire penser et de ressentir qui la distinguent parmi les figures de style. L’ironie ne consiste pas à une simple inversion de sens, une antithèse, elle inverse des rapports humains, sociaux, des modes de pensée, des façons de raisonner. L’auteur doit à la fois faire confiance à la capacité de son lecteur à déchiffrer tout en le mettant discrètement sur la voie de l’interprétation. Là se trouve l’art de l’ironie !   Cette reconstruction demande et crée une forme de complicité avec le lecteur.  — Le contexte de référence doit être connu par le lecteur : une référence implicite à la société chinoise du Xe siècle ne « parlerait » pas au lecteur européen du XXIe. Cette nécessité d’un contexte commun est l’une des limites de l’ironie : elle ne fonctionne que dans une certaine ère géographique et temporelle, zone de partage nécessaire pour que le lecteur puisse avoir les références pour jouir du second degré et de son ambiguïté.  — Le passage au second degré doit être facilité par l’auteur qui doit pour cela envoyer des signaux au lecteur (ce sera l’objet d'un prochain article) qui lui signale la distance à prendre avec le sens premier, mais en restant dans le regard oblique, c’est-à-dire sans révéler directement le sens caché. Il existe donc une nécessaire interprétation du texte ironique qui dépendra du contexte.  Prenons un exemple simple, l’ironie sur une seule phrase :  Quelle bonne idée d’être venu aujourd’hui !  Elle ne pourra être interprétée comme une remarque ironique (En fait, ce n’est pas du tout une bonne idée ! Ou ce n’est vraiment pas le jour !) qu’en fonction de ce que le texte a permis au lecteur de saisir sur les rapports entre les personnages et ce que peut sous-entendre cet « aujourd’hui ».    Concluons sur ce qui est certainement la caractéristique la plus remarquable de l’ironie : en reprenant, en s’appropriant des fonctionnements de pensée et de comportement qu’elle utilise comme premier degré, en les mettant sous les yeux du lecteur, elle désamorce des discours. Elle montre la mécanique et le fonctionnement des comportements et des pensées de l’intérieur. Elle met en évidence leur caractère fautif (autojustification sans questionnement, raccourcis, mauvaise fois…), caractère répétitif (expressions clichés, psittacisme) pour que le lecteur en saisisse toute la dimension de biais : en montrer le caractère oblique. On peut dire que le texte dessine ce biais de façon visible, mais sans que l’appréciation soit donnée.    Nous retrouvons ici l’idée que l’ironie n’est pas simplement informative : elle joue avec une sorte de double évaluation. Elle implique une double dimension de jugement, de prise de position ou, au minimum, de prise de distance. Celle, le plus souvent positive, du sens premier et l’évaluation négative du sens dissimulé. Pour augmenter cette dichotomie, elle procède souvent par surévaluation du sens propre pour mieux le dévaluer de façon implicite. Un portrait ironique pourrait commencer par : De l’avis de tous, c’était un homme extraordinaire… Puis raconter une histoire remplie de traitrise, d’abjection ou au minimum de médiocrité, présentée comme une belle réussite. Ce sera au lecteur de réévaluer l’adjectif « extraordinaire » et les jugements explicites au vu de ce qui lui est raconté.    L’ironie fait donc partie non seulement des figures de style, mais aussi de cet autre ensemble de procédés comme l’ellipse, l’allusion, le récit par le geste… qui donne au lecteur la possibilité (ou l’impression d’avoir la possibilité…) de comprendre seul, de deviner et ici, d’évaluer, ce qu’on lui raconte.   L’écriture du monologue intérieur d’un personnage négatif pousse au bout cette logique, ce sera notre sujet. Point de narrateur pour pointer les sous-entendus et les contradictions, c’est le personnage lui-même qui les déroule et cela les rend à la fois plus claires et plus humaines. C’est une forme « moderne » d’ironie, directe, sans narrateur, un partage d’expérience et de pensée.   Ironie et narration Dans le cadre de la narration, c’est-à-dire d’un récit différé, le texte peut être ironique dans sa globalité ou seulement dans certains passages.  De plus, l’ironie peut s’inscrire dans le texte de plusieurs manières et à plusieurs niveaux : — Un personnage est ironique dans ses paroles, ses pensées, il prend de la distance avec l’histoire racontée, joue avec les autres personnages, avec les émotions…  — Le narrateur est ironique : il prend des distances avec l’histoire qu’il raconte. Ses interventions, plus ou moins discrètes, jettent le trouble sur le récit lui-même. — Sans intervention explicite du narrateur, le texte construit une impression de contradiction entre les évaluations données par le narrateur ou les personnages et les actions racontées, évaluations que le lecteur est ainsi amené à réévaluer de façon inverse.   Exemple d'ironie littéraire    Le monologue intérieur d’un personnage négatif qui se vit comme positif et en particulier son journal intime  en fournit  un exemple significatif. Ce type de journal suppose l’écriture régulière par un personnage de ses pensées et des éléments de sa vie quotidienne.C'est ce que nous propose  « En Caravane » d’Elizabeth von Arnim.  Il s’agit ici d’une utilisation ironique du journal intime.  Le texte raconte les épanchements sincères d’un personnage négatif, sa vie intime d’un antihéros, le lecteur est ainsi censé « partager » ces épanchements.  Mais le sens « véritable » du texte n’est pas la plongée empathique dans une intériorité, mais le souhait de mettre sous les yeux du lecteur un fonctionnement, de le démonter de l’intérieur.  Le journal permet ainsi, sans intervention du narrateur et sans jugement surplombant, de faire sentir au lecteur les enjeux et la dimension négative, ou tout au moins trouble d’un personnage. Le personnage monstrueux ne convient pas ici. Le journal du monstre au premier degré ne permet pas de décalage ironique, de « jeu » : rappelons que l’ironie doit faire sourire !    Comme nous l’avons vu ci-dessus, l’ironie fonctionne à partir d’un contexte de référence que le lecteur doit connaitre.  Choisissez un contexte qui ne se limite pas à quelques idées simples. C’est la richesse de ce contexte qui va permettre au jeu de dépasser la seule caricature et de ne pas se contenter d’obtenir un facile assentiment du lecteur. La nature des enjeux supplémentaires est très ouverte. Dans l’exemple ci dessous, le « héros » de « En caravane » est, certes, un prototype de l’égoïsme et du machisme, mais  renouvelle ces thèmes  ou les nuancer en développant un personnage individualisé et, comme nous l’avons vu, par un contexte qui ne s’y résume pas et décale un peu le sujet, il rend original l’angle d’attaque. L'anti héros de "En caravane" est porteur de toute une dimension « prussienne », d’une rigidité spécifiquement « allemande », d’une vision politique, d’un nationalisme, d’une conception esthétique et il peut être sensible à l’un des personnages féminins ce qui, parfois, peut le rendre « presque délicat » : autant de postures que le voyage va permettre de dérouler de façon à la fois différenciée et cumulative.   Extrait 1 de « En Caravane » d’Elizabeth von Arnim « Qu’auraient pensé mes amis s’ils avaient pu me voir ainsi privé de refuge, de retraite, de repos ? Ces trois privations définissent assez bien un voyage en caravane. Impossible de jamais entrer dans la roulotte quand elle était immobile, car ma femme s’y trouvait déjà, et si par bonheur je m’y reposais quand elle avançait, Jellaby ne manquait pas d’arriver aussitôt ventre à terre pour me demander par la fenêtre si je n’avais pas remarqué que mon cheval était en sueur. Chaque fois que nous bivouaquions, il fallait se mettre à l’ouvrage - et mes amis, quel ouvrage ! Jamais vous n’en auriez seulement l’idée. Ouvrage purement gratuit qui plus est, n’ayant pour seule récompense qu’un repas. Point d’ouvrage, point de repas. Et quand nous avions fini de dîner, croyez-vous que nous avions le loisir de nous livrer à la méditation ? Que nenni ! C’est alors que commençait la redoutable, l’effrayante, l’abominable, l’horrible vaisselle. Je n’ai toujours pas compris par quelle aberration nous n’en laissâmes pas dès le début le soin aux femmes qui ont été créées pour la faire et s’en accommodent fort bien. Mais j’étais en minorité et ne disposais pas du pouvoir d’imposer mes vues. Je ne disposais même pas de celui d’échapper à cette corvée. Si nous dressions le camp trop tôt dans la journée, la lumière du jour eût vite fait de me trahir. Et lorsque la vaisselle était faite, il ne restait plus qu’à aller se coucher. Nul homme d’esprit ne souhaite se coucher à huit heures, mais il faisait si froid - nous n’avions, disaient-ils, pas de chance avec le temps - que même par temps sec il n’y avait aucun plaisir à rester dehors. J’étais déjà resté dehors toute la journée, et lorsque le soir venait, j’avais pris en horreur tout ce qui de près ou de loin rappelait le plein air. En plus il n’existait que trois de ces confortables chaises basses sur lesquelles un homme aime à s’étirer en fumant son cigare, et sans que l’on songeât même à les proposer à quelqu’un d’autre, les dames s’y installaient chaque soir. Rien ne me parut si renversant que de voir Edelgard s’emparer de l’une d’entre elles avec une indifférence parfaite pour mes désirs, mes souhaits, mes appétits, mes ordres. Avec quelle nostalgie j’évoquais alors mon bon fauteuil de Storchwerder, pour lequel elle nourrissait un respect si profond qu’elle n’osait même pas en approcher quand j’étais à la maison - je suis même persuadé qu’elle ne s’en approchait pas davantage quand je n’étais pas à la maison. »   Extrait 2  de " En Caravane » d’Elizabeth von Arnim « Comme il est juste, notre vieux proverbe d’Allemagne, et comme il s’applique bien au baron prussien qui s’apprête à prendre des vacances méritées (cela va sans dire) : “Aimes-tu ta femme ? Laisse-la à la maison.” C’est vers cette époque que je commençai à comprendre que je devais prêter attention à la manière dont je faisais mon lit. « Il allait être six heures, et comme c’était d’ordinaire le moment où le reste de la compagnie entrait en activité, je me demandai d’un air sombre si nous entendrions les habituelles exclamations : “Belle journée, n’est-ce pas ? Belle et saine !” Il arrive un moment, j’ose le dire, où trop de beauté et de santé deviennent insupportables. Je tirai les rideaux de ma couchette - l’agitation que je sentais au-dessus de moi annonçait que ma femme n’allait pas tarder à descendre s’habiller - et je fis semblant de dormir. Le sommeil me paraissait un havre de paix. Comment voulez-vous obliger un homme à faire quoi que ce soit s’il n’est pas réveillé ? L’homme vraiment libre, songeai-je en fermant les yeux plus fort, est l’homme qui dort. Poussant ma réflexion plus loin, je me rendis compte, non sans frémir, que si c’était le cas, la véritable liberté, la véritable indépendance, appartenait aux inconscients - une race (ou une secte, comme vous préférez) au-dessus des lois, hors la loi tout simplement. Allant plus loin encore, et frémissant toujours plus, je compris que la liberté parfaite, la délivrance de tous nos maux, ne pouvait être atteinte que dans la mort. Eh oui, mes chers amis, c’est de la métaphysique, pas besoin de vous faire un dessin. S’il est bien rare que je me lance dans ces spéculations - je suis homme de bon sens avant tout —, ce ne fut pas sans profit pour une fois. De la pensée de la mort, je passai à celle de la maladie qui précède généralement ce fâcheux événement, et il m’apparut que l’homme malade est au fond assez libre lui aussi - il ne viendrait à l’idée de personne de l’obliger à se lever pour sortir sous la pluie tenir un parapluie au-dessus de la tête de Jellaby pendant qu’il prépare son abominable porridge. Aussi décidai-je tout de go d’exagérer l’inconfort que je ressentais, et de m’octroyer un jour de vacances au fond de mon lit. Ils se débrouilleraient bien pour trouver quelqu’un qui conduirait la voiture. Un homme alité ne pouvait pas conduire, quand même. Et quand on n’a pas dormi la moitié de la nuit, croyez-moi, on n’est pas en bonne santé. Au fond, d’ailleurs, qui est bien portant ? Personne. Ou presque personne. La jeunesse elle-même n’a pas de santé. Regardez un nouveau-né. Il se tord comme un ver coupé ! Nul ne peut se sentir vraiment dispos, à mon avis, s’il ne cesse toute activité pendant une journée entière. On l’oublie trop, distraits que nous sommes par le travail ou le tourbillon de la vie sociale, mais empêchez un homme de faire quoi que ce soit ou de voir âme qui vive et vous verrez qu’il aura bientôt mal à la tête. Quand Edelgard eut fait un peu de rangement, disposé mes vêtements sur une chaise, et vidé la bassine par la fenêtre, j’ouvris les rideaux et, à cor et à cri car la pluie crépitait toujours contre le toit de la roulotte, lui fis comprendre que j’étais trop faible pour me lever. »   Bibliographie  sur l'ironie littéraire L'Ironie, Vladimir Jankélévitch L'ironie littéraire, Philippe Hamon    {loadmoduleid 197} 
28 mars 2025
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Parmi les voies, les grandes options qui s'offrent à l’écriture, deux se distinguent clairement, ou plutôt trois. Commençons par la plus généreuse -  la moins en vogue - celle qui recherche la puissance du Verbe, son intensité, se place dans le mouvement que crée la profusion des mots, des sonorités et des images, voie  quand cette profusion n’est pas gratuite. Puis la voix moyenne, contemporaine, celle qui se calque sur l’oralité, sur l'usage de la langue de tous les jours, directe, une langue qui n'est pas dépourvue de subtilité, mais penche vers la commodité d’un langage transparent, efficace, sans musique ni ellipse, laissant toute la place à l’histoire et à ses personnages, à la psychologie, au suspense et à l’intrigue. Et enfin la voix suggestive, l’écriture qui se concentre autour des vides qu’elle prend soin de créer, ces écritures avec sous-textes, écritures allusives, fortes des espaces laissés au lecteur, au lecteur patient et attentif qui aime être sollicité -le vrai lecteur ? Car, comme l’explique Vladimir Jankélévitch : "Les lacunes que nous comblons nous-mêmes agissent sur notre imagination comme un vide attirant et exaltent les puissances de rêve qui sont en nous." Faire confiance au Verbe, ne s’en servir que comme d’un outil le plus neutre possible ou pratiquer la brachylogie* (prise en sons sens le plus large d’ellipse) ? Écrire, c’est viser un peu de ces trois cibles, chaque style d’auteur composant sa palette.  Brachylogie : provient du latin brachylogia, « Brièveté dans l’expression ». Il s’agit d’une figure de rhétorique, plus précisément une ellipse consistant à ne pas répéter un élément de la phrase comme ci-dessous : "Sa tête se mit à tourner, son cœur à battre fort."  {loadmoduleid 197} 
06 mars 2025
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Écrire : le défi des pleurs et des larmes Illustration : La Descente de croix, Rogier van der Weyden (détail) « C’est tellement mystérieux le pays des larmes… » Le Petit prince, Antoine de Saint ExupéryLes larmes ne pourraient-elles pas, détrônant ainsi le rire, être proclamées le «  propre de l’homme » ? Quelles questions les larmes posent-elles aux relations humaines, sociales ou intimes et par là, à l’écriture ? À la fiction ?   Les mots, le vocabulaire des pleurs— Le  « plorer » du Xe siècle, issu du latin plorare, « crier, se lamenter, gémir » devient « pleurer » au XIIe siècle : verser des larmes sous l’effet d’une douleur physique ou morale, d’une émotion violente. Pleurs et larmes ces « « humeurs liquides qui s’écoulent d’une glande de l’œil » semblent déjà irréversiblement liés.— Curieusement « larmer » a disparu, « pleurer » a pris toute la place, plus doux peut-être ? K. Huysmans, toujours friand de mots rares, l’utilise pourtant dans « En Rade ». Pour revenir peut-être à la réalité des pleurs ? À l’écoulement, au mouvement physique ?   Des expressions et des pleursOn peut pleurer à chaudes larmes, verser toutes les larmes de son corps ou juste avoir la larme à l’œil, être bête à pleurer, verser des larmes de joie ou des larmes de crocodile, être sur le bord des larmes, pleurer comme un veau, pleurer amèrement, pleurer sur son sort, pleurer des larmes de sang, avoir des larmes dans la voix ou une crise de larmes, il existe des larmes qui nous brouillent la vue,  on peut pleurer comme une Madeleine ou comme une fontaine, se rendre au bureau des pleurs, pleurer de rire, ou rire aux larmes, fondre en larmes (et voir changer de matière son corps ?) croire qu’en pleurant on pissera moins, avoir des larmes de joie, parcourir la vallée des larmes, être au bord des larmes, les ravaler quand elles nous montent aux yeux. Il reste encore le si poétique « Frôler les larmes »…Finalement, il s’agit simplement « d’Être » en larmes. Puis, un jour, de sécher ses larmes.   L'imaginaire des mots du "pleurer" Larme : un mot qui reste ouvert, comme en suspens. On y sent la larme apparaitre se gonfler, se détacher.La larme, la goutte de chagrin, l’émotion matérialisée, un  mot comme une sorte de bijou de souffrance. Profondeur de l’émotion, matière délicate.Transparence.Elle se forme, se sépare, roule, il y a une vie de la larme.Et puis  objet-larme, objet de peintre - comme le tissu - peindre la larme, c'est faire une prouesse, montrer du savoir-faire, maitriser l’illusion de l’émotion, un exploit qui se place quelque part.. entre le sec et le larmoyant, entre l’absence de manifestation et son débordement qui lui faire perdre sa signification, sa force. Il y a le torrent de larmes, et puis la larme unique, précieuse,une sorte de chagrin pur, essence de chagrin. La larme, la goutte de chagrin s’écoule sur son chemin de joue.Délicatesse ondoyante sur une peau parcheminé ou fruitée,elle s’étire, marque le poids de l’émotion dans sa forme de poire tansparente,lanterne magique ou se reflète l’âmeManifestation, preuve ou mesnsonge. Les pleurs, moins condensés que la pluie et sa douceur liquide. Pleurs, un mot qui se perd. Qui s'est perdu.Est-ce que les animaux pleurent ? J'ai vu la larme d'une brebis couchée, mourante, tombée de la falaise. Larme du dernier souffle et de la souffrance. Coulée d'humanité ? Du point de vue littéraire, pleurer éloigne, neutralise un peu. Les pleurs sont plus concrets et puis il y a la  larme, l'arme, si proche de la lame.  La  goute de chagrin, finalement, j'y reviens.   Et la physiologie des larmes ? Liquide constitué essentiellement d’eau salée et ionisée, il existe trois sortes de larmes, toutes trois réflexes avec des mécanismes et des buts différents.— Les larmes qui servent à humidifier, lubrifier, oxygéner nettoyer la cornée. Présentes en permanence, ce sont des sécrétions que nous partageons avec les animaux. — Les larmes produites sous l’effet d’une agression extérieure par exemple le gaz dégagé par l’oignon ou une poussière dans l’œil. Porteuses d’anticorps et d’enzymes antibactériens, elles sont utiles pour défendre, protéger la cornée. — Les larmes liées à une joie ou un chagrin, celles qui nous intéressent. Ces larmes sont aussi réflexes : des sécrétions liées aux émotions  ! « Mais son cœur était soulagé, et de ses yeux coulaient des larmes qui tombaient sur ses mains ». F.Nietzsche Une mutation génétique s’est produite dans l’espèce humaine il y a des centaines de milliers d’années. Une erreur a connecté le système limbique – les régions cérébrales qui ressentent, détectent et expriment des émotions – aux glandes lacrymales. Cette erreur s’est reproduite, un gène a muté et cette mutation a dû présenter des avantages puisque, la sélection naturelle ne s’en est pas débarrassée !Si les animaux peuvent gémir, crier, hurler, aucun ne verse des larmes d’émotion, pas même nos plus proches cousins, les primates. Les pleurs renvoient à l’humanité ou peut-être est-ce l’inverse l’humanité s’est faite par les pleurs ? "J’avance dans la ruelle des couloirs, raide dans ma tenue tel un GI mal costumé. Et puis sur le seuil de ta chambre, haut du cœur, haut du corps, le spasme, le même encore, le temps de l’étonnement douloureux, les larmes montent, leur marée pousse jusqu’au bout des yeux, le corps subit la vague. Je frissonne, une fois encore la vue s’embue. D’où vient ce flot si puissant que je me tétanise ?" Extrait de mon roman,  L’Autre d’une femme. L’origine des pleurs se trouve donc dans le cerveau. La tristesse est l’une des émotions dont les neuro scientifiques ont découvrent la nature chimique au travers du rôle des neurotransmetteurs qui se modifient face à une nouvelle grave, un choc émotionnel. Ces processus cérébraux, qui agissent un peu comme des antidouleurs, s’accompagnent de manifestations corporelles (gorge serrée, boule à l’estomac, respiration réduite) et parfois, ce message nerveux fait couler des larmes.Elles ont une composition différente des autres larmes avec plus de protéines et d’hormones qui agissent sur la douleur. On retrouve également dans ce type de larmes les molécules responsables du stress ou des toxines apparues sous l’effet du stress. On pleure beaucoup dans l’enfance, en vieillissant, on produit moins de larmes, on pleure moins, mais on peut larmoyer. Quels sont donc les effets physiologiques des pleurs ? Une sorte de catharsis physiologique : antidouleur, relaxation, élimination de toxines du stress…Les larmes, sorte de protecteur psychique, nous laissent épuisés, à cause, bien sûr de la situation qui a provoqué les larmes, mais aussi de la libération d’hormones qui vont provoquer l’accélération du rythme cardiaque, la dilatation des vaisseaux sanguins et la production d’énergie à partir de nos réserves de glucose et d’acide gras, une dépense énergétique correspondant à une sensation de fatigue. Certaines théories affirment même que pleurer conduirait le corps à libérer des endorphines de bien-être, celles qui sont libérées par l’exercice ou le sport. Il est vrai également que pleurer fait travailler des muscles habituellement peu mobilisés comme ceux du menton, de la poitrine ou de l’intérieur de la gorge.Pleurer permet donc de retrouver un état d’équilibre émotionnel. Tous ces mécanismes contribuent à diminuer les tensions psychiques : tristesse, anxiété, angoisse, peur, y compris les tensions positives : joie, rire…Vertu de libératrice des larmes ? Dimension physique et haute densité psychique ! « Pleure afin de savoir ! Les larmes sont un don. Souvent, les pleurs, après l’erreur ou l’abandon, raniment nos forces brisées ! » Victor Hugo Pleurs et féminité  L’enjeu de genre ! Les hommes qui "ne pleurent pas" et puis se mettent à pleurer.Les larmes contiennent des hormones de stress dont elles permettent de réduire la concentration dans le corps, en particulier la prolactine, hormone responsable de la lactation après l’accouchement, de l’absence d’ovulation et du déclenchement des larmes. La lactotransferrine, hormone régulant la production de lait, est aussi à l’origine de cette surproduction de larmes chez les femmes. On peut aisément imaginer que ces deux substances se trouvent en moins forte concentration chez les hommes ! C’est pour cette raison biologique que les femmes pleurent entre 4 et 8 fois plus que les hommes à l’âge adulte et elles pleurent plus longtemps et avec moins de retenue.Habitudes sociales, codes culturels, éducation spécifique et biologie ne sont donc pas ici tout à fait étrangers… Dans certaines cultures, « les pleureuses » sont encore appelées pour pleurer les morts. Pleurer est alors un travail, un rôle social aussi. Une "histoire des pleurs" ?Acceptées chez les soldats homériques et romains (Priam vient implorer Achille pour avoir le corps de son fils Hector, Achille pleure son ami Patrocle, les exemples sont très nombreux dans l'Iliade et l'Odyssée) les larmes sont, au Moyen-âge, fortement liées à la foi, à l’émotion spirituelle au travail de deuil. On observe un mouvement de laïcisation au XVIIe. Les larmes deviennent une preuve d’humanité et garantissent la valeur morale de celui qui les verse. Le siècle suivant, avec notamment Rousseau, loin de se contenter d’entériner cette évolution, la radicalise de façon saisissante en promouvant une véritable « morale du sentiment ». Désormais, ne pas pleurer dans des circonstances touchantes, c’est se montrer dépourvu d’une « sensibilité » donnée pour “premier fondement de la société et revient à s’exclure de la communauté vertueuse et à sombrer dans ce que le XVIIIe siècle nomme la barbarie.En ce qui concerne l’art, c’est surtout la promotion du pathétique, conçu désormais comme catégorie esthétique autonome, qui, en donnant les moyens de penser un plaisir qui ose enfin s’avouer pour tel, débarrasse définitivement le langage des larmes de sa soumission à « une culture du refoulement ». Le pathétique devient progressivement, durant le dernier tiers du XVIIe siècle, “une catégorie esthétique à part entière, dégagée de toute visée morale ou religieuse”, il devient enfin possible de décrire librement, indépendamment de tout horizon éthique, dans le cadre d’une rhétorique adulte et désormais soucieuse de penser l’esthétique comme objet d’étude autonome, la volupté des larmes  !  En instituant “la promotion esthétique de la sensibilité  », cette autonomisation du pathétique favorise de façon décisive l’envahissement de bon nombre d’ouvrages du siècle suivant par le langage des larmes .Le partage net entre un masculin qui ne pleure pas et un féminin associé au pleur facile, allant ainsi plus loin encore que la biologie, s’installe notamment à partir du XIXe. Le langage des larmesIl faut noter le lien des mécanismes des larmes avec le nerf facial, avec le nerf maxillaire supérieur, ce qui explique le surgissement d’expressions particulières, de mimiques spécifiques liées au fait de pleurer. Les larmes forment ainsi une partie d’une expressivité globale de la souffrance et de la douleur.Des formes primitives (signal de douleur ou de détresse), les pleurs sont devenus une forme de communication élaborée dont on peut penser qu’elle a contribué à renforcer les liens sociaux et ainsi à permettre à nos ancêtres de survivre et de prospérer. Il peut prendre le relais du langage verbal : on peut pleurer sous le coup d’une émotion qu’on ne peut parvenir à verbaliser, lorsque “les mots ne viennent plus.” Le langage des larmes, considéré comme un système de signes “muets”, assure une communication dans un environnement socioculturel donné : il dépend d’un système de règles, de normes et de modes en vigueur à une certaine époque et dans une certaine culture. Grâce à nos larmes, l’autre peut capter le message de souffrance, le degré d’émotion que nous vivons. Là où nous n’avons plus ou peu de mots, les larmes prennent en charge la communication humaine et permettent, d’autant plus que l’interlocuteur est à l’écoute, un ajustement de ses réponses envers l’autre, favorisant par là même un échange empathique. Le lien entre pleurs et visage est devenu un élément essentiel de la communication : un moyen crucial de déchiffrement de l’émotion, de la douleur de l’autre. Les larmes s’écoulent et c’est comme si quelque chose de l’intériorité se matérialisait.   Les larmes : vulnérabilité ou moyen de pression ? “À lire nos anciens, il semble que les hommes aient beaucoup pleuré. Ce n’est plus de mise. Il n’est pas grand monde pour larmoyer dans les romans contemporains comme dans la vie. Cette effusion est mal vécue. L’époque se veut cynique. Sous le prétexte d’une affreuse pudeur, on aura rayé, en condamnant les larmes, ce dernier signe corporel des vastes émotions incompressibles dans de si petits corps. Le mâle surtout, et mystérieusement, n’a plus ce droit. Il sera bientôt réduit à sa plus simple expression. Il bande, éjacule et meurt – activité de gibet. Je n’ai pas eu cette chance. Je suis des rares qui osent encore. J’en suis à mon quatorzième lacrymatoire gallo-romain offert en cadeau de rupture. C’était ce matin, au réveil, après avoir écouté une nouvelle fois la chère voix de Rodogune au téléphone j’ai fini par sangloter – l’émotion vibrante m’épuise, comment arriver jusqu’à la Nuit, par quel chemin et dans quel état ?” Michel Castanier Les larmes, sécrétions réflexes (sauf chez certains comédiens ou antiques pleureuses), nous livrent, nous libèrent, nous servent, nous révèlent, nous rendent perceptibles. Elles posent la question de la passivité / l’activité, de la force /la faiblesse. Par nos larmes, nous apparaissons dans notre vulnérabilité : pleurer c’est montrer une perte de contrôle sur nos émotions, une perte de défense. Laissant de côté le monde des apparences, de la bienséance, les larmes sont parfois des moments de vérité. “PLEURER. Propension particulière du sujet amoureux à pleurer : modes d’apparition et fonction des larmes chez ce sujet.Je, moi qui pleure toutes les larmes de mon corps” ? ou verse à mon réveil “un torrent de larmes” ? Si j’ai tant de manières de pleurer, c’est peut-être que, lorsque je pleure, je m’adresse toujours à quelqu’un, et que le destinataire de mes larmes n’est pas toujours, Je même : j ’adapte mes modes de pleurer au type de chantage que, par mes larmes, j’entends exercer autour de moi.En pleurant, je veux impressionner quelqu’un, faire pression sur lui (“Vois ce que tu fais de moi”). Ce peut être - et c’est communément - l’autre que !” on contraint ainsi à assumer ouvertement sa commisération ou son insensibilité; mais ce peut être aussi moi-même : je me fais pleurer, pour me prouver que ma douleur n’est pas une illusion : les larmes sont des signes, non des expressions. Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et dès lors je m’en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille Je plus « vrai » des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue : « Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. » » Roland Barthes, Éloge des larmes Sincérité des pleurs?Larmes de crocodile : voici l’expression qui pose le soupçon sur les pleurs ! Elle proviendrait d’une légende de l’antiquité dans laquelle les crocodiles, cachés dans les hautes herbes du Nil, auraient attiré leurs proies par des gémissements et des plaintes. Une autre explication, moins poétique, affirme que, lorsque le crocodile ouvre très grand sa mâchoire pour croquer sa proie, il appuierait sur ses glandes lacrymales, déclenchant la production de larmes. Quoi qu’il en soit, ces deux explications ramènent au fait que les larmes de crocodile n’ont rien à voir avec une tristesse sincère, mais qu’elles illusionnent, cherchant à émouvoir de façon hypocrite quelqu’un pour le tromper. Le soupçon de duplicité de dissimulation et de mensonges existe depuis les premiers moralistes. Les larmes, fausse faiblesse et vraie puissance, se révèlent de formidables machines de manipulations de l’autre. L’extériorisation des sentiments, des émotions, peut être un moyen de pression, de culpabilisation. Sur le plan physiologique déjà, les pleurs dégagent un signal chimique volatil dont la perception par un autre individu, par le biais des récepteurs de l’olfaction serait à l’origine d’un effet sur son état d’esprit. On peut rappeler qu’une équipe de chercheurs du Weizmann Institute of Science, en Israël, a pu démontrer que les larmes des femmes envoient des signaux chimiques volatils, qui entraîneraient une chute de la testostérone chez l’homme, induisant par là même une baisse de libido.   Les larmes comme une arme ?Voici une sorte de « nouvelle tendance » que j’ai trouvée dans plusieurs livres et émissions récentes : les larmes comme arme politique. En voici un exemple dans un livre qui vient de sortir « L’Amour et la révolution » de Johanna Silva, l’ex-compagne et ex-attachée parlementaire du député de la Somme François Ruffin : « J’avais un nouveau cheval de bataille qui m’était propre : je voulais défendre l’humanité, la vulnérabilité, la bienveillance au sein du monde politique. Je sentais bien que ce n’était pas une niaiserie, qu’il y avait quelque chose à creuser. (…) J’en étais même venue à considérer mes pleurs intempestifs comme une arme. » Un rapport aux larmes, une vision des larmes, qui fait réfléchir… Quelques pistes d'écriture des larmes et de réflexion...— Mystère du surgissement, de la matière, de l’odeur des larmesForme des pleurs : sanglots ? Écrire comme des sanglots ? Poétique des larmes ?— Le moment des pleurs : immédiat, l’après-coup. Moment de pleurer ou pas ? Trop tard ? Sa durée ? Trop long ? Trop bref ?— Retenir, garder, refouler ? Surgissement des larmes : « être pleuré ? » — Être l’otage, captif de ses larmes ? — Épanchement, faiblesse, vulnérabilité. Répandre des larmes : pleurer, pleurnicher, s’épancher.— Laisser couler ses larmes, s’autoriser, ne pas même les sécher ou les réprimer.— Être submergé, débordé.— Fonte de l’identité sociale et personnelle qui craque, qui fond ?— Maitrise, souveraineté de soi ou sa disparition. — Censurer. Larme et volonté ? Aveu de faiblesse ou rage ?— Libérer, accueillir les pleurs— Pleurer = s’humaniser ?— Jamais seul quand on pleure ?— Pleur solitaire. Pleur privé, intime ? Se cacher. Larme et pudeur. Intimité des larmes et pourtant manifestation extérieure— Pleur et relation amoureuse ou amicale— Parler avec ses larmes, se taire et dire ?— Refus de voir l’autre pleurer.— Afficher ses pleurs comme un reproche. — Demander par les larmes : implorer, de justice de réparation.— S’excuser de pleurer— Prise de pouvoir : attendrissement, culpabilisation.— Appel à l’autre. Faire pression ou subir ?— Pleur social et dimension culturelle.— Émotion publique ou privée— Travail et temps du deuil. Pleurer les morts. — Les larmes du quotidien, la « vie embuée ? »— Déplorer : ressassement, lamentation.— Solidarité, contagion des larmes ? Communion par les larmes : pleurer avec, pleurer ensemble. — Pleurer au cinéma ou au théâtre. Catharsis ?— Politique et poétique, transformer le réel ou une relation ? Pas simplement une expérience de douleur : demande de consolation ou de justice, d’une future réparation— Larme comme arme politique ?— Absence, fin des larmes. Sécher ses larmes— Ne plus savoir pleurer ? Être bloqué.— Bonheur de pleurer dans un film de Truffaut : l’enfant avoue que pleurer, c’est un bon petit plaisir ! — Métaphysique des larmes ? « Au jugement dernier, on ne pèsera que les larmes ». Cioran.      {loadmoduleid 197}
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Lettres en prison

Blog des ateliers de Sylvie Reymond Bagur Stage Nouvelle

Ça commence avec les livres, c'est une histoire de mots, de lettres ; mais ça passe par la prison avec les couloirs, les portes, les barreaux.

Au fond de la troisième division, la salle de classe bleue, la fenêtre grillagée et les regards d'hommes interdits de désir.

Ça flotte entre un titre de Détective « Le cambrioleur de 23 ans séduit sa professeure de 40 », et un texte de Marguerite Duras : « C'est alors, au bout d'un moment que la jeune fille a dit qu'elle préférait qu'il en soit ainsi entre elle et lui, elle a dit que ce soit tout à fait impossible, que ce soit tout à fait désespéré. »

Une longue correspondance, les mots et les aveux, le chantage parfois, mais un commun besoin d'histoire : d'histoire d'amour, et - ou - une partie d'échecs, avec les pièces qui se placent, la toile qui se resserre.

Les premiers coups sont lancés très vite ; la stratégie, inconsciente, devinée et acceptée renvoie à l'écho d'une faute imaginaire, aux fantasmes de l'enfermement, au besoin de lire, de rêver, d'entendre ces signes qui en recouvrent d'autres ; on joue sur la révolte, la tendresse qui barre la voix du désir. Insinué dans une lettre, retenu par les barreaux, sa violence même est un délice empoisonné ; que dans son errance il ait trouvé un objet sur lequel se fixer, qu'elle soit cet objet, qu'il la dépasse, elle le sait ; mais elle aime la douceur tendue qu'elle ressent à en être la proie consentante, absente et rêvée

La lettre interdite qu'on glisse parfois entre deux passages de portes ;qu'on oublie sur un bureau de collège avec ses graffitiinscrits dans le bois,

là, au cœur de l'absence et de l'interdit, c'est la voix du corps qu'elle attend, qu'elle provoque.

Elle ne veut pas penser qu'un calcul soit possible, qui seul la mette en scène .

Avant le premier contact avec la prison, un univers se pose :

panique et attirance.

Saint Genet, les menottes qui deviennent roses,

l'adolescent trop beau pour être condamné,

son cou offert à la caresse de la lame

Lieu de virilité provocante, de viols, de fange et de misère,

d'otages et de poignards.

Derêve. De cauchemar.

« Pour affronter la réalité », elle accepte d'enseigner là-bas.

On lui avait dit Fresnes ; la cour à traverser, les grilles : la première, la seconde, la troisième… On ne sait jamais quand elles arrêtent de se fermer. On lui avait dit le long couloir qu'un détenu, un numéro, cire régulièrement au risque d'y glisser.

Elle savait, c'était prévu.

Mais elle ne savait pas l'Horloge arrêtée au-dessus du fronton du portail, ni le poids et le claquement des grilles et des clefs, ni les fils de fer barbelés en spirales sur les murs extérieurs ; ni, surtout à l'intérieur, les filets tendus au premier étage, d'une balustrade à l'autre : le suicide interdit, mais concret, palpable entre les mailles.

Une tension entre silence et hurlements.

Un corps qui tombe.

C'est peut-être ça la première rencontre avec la prison.

Là — bas, dans la salle d'écoliers du fond, qu'on pourrait croire séparée des autres sans les trois étages de fenêtres grillagées qui lui font face, l'arrivée des étudiants.

Ils n'ont pas l'air de truands ; c'est quoi, un truand, à quoi ça ressemble ? Des cheveux rasés ? Des regards par en dessous ? Des poings de brutes ? Des corps marqués au couteau ? Ça a un air spécial ? Un regard, peut-être ? Rien en tout cas des airs bruts, butés, des portraits-robots.

Sourires et serrements de mains

Des hommes.

Qu'ils puissent être dangereux, elle l'oubliera vite ; d'autres, peut-être. Elle s'en rendra compte à son corps défendant : une nuit, à 3 heures du matin elle est réveillée par de bruits violents, et se retrouve hurlant devant la porte de son appartement, qui oscille, à moitié défoncée. Constat des flics : « Ils avaient un pied de biche » ; redoublement de peur rétrospective… mais quand elle dira aux étudiants qu'elle a failli être cambriolée, elle éclate de rire avec eux.

La voici coincée entre deux sortes de portes, qui ne peuvent être que défoncées ou hermétiquement closes ; elle n'arrive pas à faire le joint, à penser que ceux-là mêmes avec qui elle rit auraient pu être derrière sa porte. Ici, elle ne voit que des hommes qu'elle doit préparer à l'examen : enjeu : 3 mois de remise de peine.

Au programme ; « LES FLEURS DU MAL » parmi les premiers textes étudiés : Spleen ; l'explication a été mise au point ailleurs, presque familière, rassurante ; elle coule, d'abord, scolaire :

… « Quand la pluie étalant ses immenses traînées

D'une vaste prison, imite les barreaux… »…

D'un coup, le voile des mots disparaît , les barreaux se dressent sur ces visages

Sans noms, ces visages.

Le texte s'efface, rendu à l'objet, au palpable, auxcorps entravés.

Plus tard, un autre poème :

« Mon cœur est un palais flétri par la cohue » :… flétri, marqué au fer rouge ; regard d'un détenu qui reprend « Marqué au fer rouge » : la marque n'apparaît pas : pas d'épaules cicatrisées, pas d'uniformes, pas de têtes tondues ; mais les menottes encore inscrites autour des mains, et les autres marques, invisibles : le poids des choses, le poids des portes ; des cris, des clefs.

Elle ne connaît pas, elle imagine. Elle se tait.

Eux ne se taisent pas.

Il est là possible de parler de ce qu'on croirait tabou. Comme à quelqu'un qui vient de perdre un être cher, on peut parler de la mort, à un prisonnier on peut parler de la prison,et même ne parler que de ça. Jusqu'où ? À quel moment la parole devient-elle blessure ?Quelle blessure ? Comment les mots s'agencent-ils en fuite, en nouveau rempart, en mur qui protège des autres, en corps étranger ; armure ?

Mots de chair, qui s'arrachent du corps et de l'âme pour en dire les frustrations, les blessures, s'enfouissant au plus profond, dans les silences ou le secret ; inoubliable oubli.

C'est de ces mots qu'il va s'armer pour l'interpeler, la conquérir, toute bardée de défenses qu'elle soit. L'angoisse et la solitude doivent se percevoir dans ses regards, ses paroles, ses silences, alors qu'elle se croit familiarisée avec la prison.

« Epilepsie », premier échange et première passe d'armes :prenant prétexte de Flaubert et de Dostoïevski, il se présente.

Le cours se poursuit, le mot fait écho, il ne sera plus oublié avec la brume sauvage qu' il porte en lui ; C'est plus tard qu'elle retrouvera le dernier vers du « Condamné à mort »de Genet : « Il paraît qu'à côté vit un épileptique ».

Désormais, il ne restera plus qu'à placer les pièces, avec quelques coups de force, quelques moments de retrait, quelques absences.

Il assiste d'abord régulièrement au cours, assis tantôt au premier rang, sous ses yeux, tantôt le plus loin possible ; longs regards transperçants, et, parfois, quelques paroles qui semblent plonger au sein de l'œuvre, l'éclairent autrement,'qu'elle attend pour nourrir son cours, comme un aveu.

Un jour, alors qu'ils sont tous sortis, et qu'elle est restée seule dans la salle de cours, il revient, lui serre la main et repart, sans un mot. Quelque temps plus tard, il s'absente ; elle le croise dans le couloir, avec d'autres détenus ; ils avancent en rangs, contre le mur. Un regard s'échange, au bord du sourire, intrigué et tendu d'un mur à l'autre.

Puis il revient sans donner d'autre explication à sa « désertion » , sinon un mot mystérieux l'accusant de maladresse. Elle ne comprend pas.

Il écrit.

D'un cahier d'écolier tout neuf, après plusieurs hésitations il lui tend une feuille: « Mes fenêtres », inspiré par Baudelaire : « J'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais ».

Un frisson.

Le silence s'est posé par delà cette nuit de la vitre, au-delà des murs et du temps présent, je surprends ce silence qui s'étire sur la grève des jours perdus. Les rues s'endorment, les murs se déchirent dans la voix mutilée du verbe ; alors les choses du monde se reposent, mais de l'astragale que tu cueillais, lentement s'exsude le songe centenaire et, malgré les chaînes de ma prison, le rêve cavale vers toi…

Je saurai te dire la légende, celle où je t'ai aimée de cette passion qui fait les fous ou les génies, et les damnés du vent .
Écoute, Nesrine, lorsque le vent se fait tempête et dévaste le monde ; quand certains rêvent de savoir rêver et qu'alors mon rêve ne me laisse pas de répit. Écoute Kaïra, comme ton cœur battait sans mesure le chant de l'immortalité fragile, et , comme, aux détours de ton geste, me découvrait les voiles, ceux de la dernière pudeur : cette chaude nudité où le regard se faisait brisure…

Nadja , dis-moi, le silence s'est-il posé ? Où est cachée la profondeur des mots ; ces mots magiques où tu m'avouais la blessure, là où le sang , rouge, coule et dessine une cavale que je buvais… Là où tu renaissais, où tu mourais tant de fois de ne pas savoir être orpheline de moi. Cette nuit, je te regarde , fixement, dans cette lucidité fiévreuse du lendemain des longues veilles, et, si le monde des choses est incertain, elles se dessinentdans le regard sombre de l'amour perdu.

Tu le sais, toi, l'écume du temps et un geste, un regard, un mot migratoire, migratoire…
Et ce n'est qu'un frisson, …. " je vous aime" AB

Le texte la bouleverse.

Du « je vous aime » final, elle sent la caresse, mais ne veut pas se l'approprier ; elle l'offre aux autres femmes, aux femmes d'ailleurs .

Pour elle, « mûre, ridée déjà », la déchirure d'une voix, des chuchotements incompréhensibles.

Plus tard, il écrira, « Nesrine, c'était vous »

Pour le moment, elle joue l'innocence, convaincue qu'avec les vacances tout s'estompera,mais la prison l'obsède ; tremblante de ne pas être à la hauteur de sa fonction, intriguée par certains pesants silences des prisonniers qu'elle attribue à ses failles.

Une nuit, elle rêve qu'ils sont l'un en face de l'autre, séparés par les barreaux d'un cadre en bois ; elle est la prisonnière.

Seul rêve de la prison, pour le moment, les images restent à la lisière, tyranniques, omniprésentes ; elles seront les agents silencieux de ses dérives.

Le dernier jour du trimestre, elle n'arrive pas à quitter ses étudiants, deux mois de vacances, la fin des cours pour eux, enfermés ; avec pour unique distraction les rares visites en parloir, sous l'œil des gardiens. Elle les embrasse ; il la saisit par les épaules, la regarde, un temps suspendu qu'elle emporte, absente à elle-même.

Une convocation immédiate chez le directeur la ramène à la réalité : on n'embrasse pas les prisonniers.

Ça devrait s'arrêter là ; mais déjà, prétextant une réflexion sur la poésie qu'il a glissée sur son bureau, il lui écrit ; elle répond en donnant son adresse personnelle.
C'est le commencement d'une correspondance plus intime, lettre après lettre, de plus en plus proche .

Elle envoie des livres : Rilke, Kafka, Lowry, Faulkner ; d'autres bruits, d'autres fureurs, qui, elles aussi, conduisent en prison : le procès, le suicide, lent ou brutal, l'alcool ; la solitude, toujours, et les barreaux, séparation sans recours.

Elle apprend la prison et ses habitants, les histoires des autres, ses histoires à lui : l'enfance perdue dans un foyer à Lille ; la passion pour une de ses sœurs ; la drogue, les cambriolages, la violence, l'ami d'enfance condamné pour deux meurtres.

Il raconte aussi ses amours blessées, un prof de sa première adolescence qui le recevait chez elle, l'emmenait en vacances et à qui il offrait des fleurs avec de l'argent volé. Invente-t-il ?

De sa femme, d'abord, il ne parle pas ; puis de moments heureux ; puis de souvenirs douloureux : l'annonce , au cours d'une de ses visites, qu'ellelui annonce qu'elle le quitte pour un autre du même prénom.

« Une histoire d'amour qui s'est brisée sur les vitres du parloir »

Elle réalise plus tard que c'est à peu près de ce moment-là que date leur correspondance.

Elle ne met jamais en doute ce qu'il écrit comme s'ils tissaient l'histoire ensemble.

Un roman à deux voix s'ébauche. Serait-ce une partie d'échecs ?

Peu à peu, la cellule devient familière, avec ses échappées vers le ciel, les bruits de la journée en écho, incessants ; cris, interpellations, clefs claquant les unes contre les autres, ouvertures, fermetures, ordres. Le silence, enfin, à minuit, jamais total, lorsque les lumières s'éteignent.

Il décore les murs des images qu'elle lui envoie et qui disent toutes une beauté désespérée ; d'abord rien de féminin puis des visages de femmes, cachées derrière le voile de Knopff ; puis des corps qui rêvent, solitaires, abandonnés, offerts.

Et, il y a les échecs… les échecs « phéériques », une poésie. Un tournoi entre détenus est un véritable événement, les paris se font à l'étage, mais quelque chose dépasse le jeu : « je gagnerai avec toutes mes incertitudes, je gagnerai ». Il gagne.

A-t-il joué ?

Le reste sera comme embué, flottant. Les feuilles couvertes de la petite écriture apparemment nette et sage, la boîte à lettres vide ou pleine sont littéralement obsédante, seule réalité malgré la folie des corps séparés ; le désir vit et s'accroit de cette séparation même.

Errance, arrachement, rêve, douceur douce d'un dialogue qui croit se construire ; illusion de limpidité qui les perd dans une opacité croissante. Pas un geste qu'elle n'accomplisse dont il ne soit le témoin absent. Un jour, il lui écrit une « dérive ; des pas dans les pas ». C'est ça. Toute parole lui est dédiée, et celles qui n'osent pas se dire,crient dans les silences et les blancs du texte.

Les lettres comblent le temps des vacances scolaires. Tout effort pour se retirer est impossible, d'autant plus que la maladie revient… La solitude d'une crise d'épilepsie, dans une cellule, de l'imaginer simplement, elle ne supporte pas. D'autant plus qu'en période de crise, il écrit peu, les mots semblent échapper, informels, parfois incohérents ; l'écriture même est comme un cri silencieux entre les lignes et les lettres espacées.

Convalescent, il raconte sa première crise, telle que sa mère la lui aurait racontée, en ajoutant : « Meshoud, habité, hanté… ». Il est tout enfant ; son père, déjà installé en France vient accueillir la famille à l'aéroport. Quand il veut embrasser son fils, celui-ci le repousse. C'est la première gifle et la première crise, oubliée ; une autre, dont il se souvient, lui ressemble étrangement : adolescent, il a battu son père qui l'a giflé et maudit « pour sa vie, pour sa mort et pour l'au-delà ». C'est aussi le début des fugues et d'autres pertes de conscience.

« Habité, hanté »… par un père qui revenait, ivre et tenait les enfants éveillés pour leur raconter son histoire magnifiée, réciter des contes arabes ou des versets du Coran ; un père qui a transmis ses blessures d'avoir été arraché très tôt à ses parents, puis à sa terre trahie ; l'Algérie désertée par un engagement dans l'armée française.

Un père fou, un traitre.

Elle pense alors à l'Algérie, faute de toute une génération ; à sa propre enfance d'après guerre, protégée, privilégiée ?... Mais les portes qui claquent, les scènes, les cris… ; sa tante folle qui tournait en ressassant pour elle seule tout le mal qu'elle souhaitait à ses voisins

Elle pense.

À la gifle qu'elle a donnée à sa mère dont elle garde le rouge au front ; à ses fugues qui ne duraient jamais plus d'une heure,
À son père, sa main d'enfant blottie dans la sienne, rassurée, à son odeur, leur complicité.

Et la mort, fulgurante. Une béance dont elle ne s'est jamais remise. À jamais sansrempart.

Deuils sans fin ; d'être écrites les plaies s'ouvrent à nouveau, nourries des siennes à lui. Et là-bas, sur les routes de campagne qui l'éloignent des barreaux, elle rêve de mots dont la caresse abolirait la souffrance, la mémoire du corps blessé pour le rendre à lui-même intègre, nouveau-né.

Elle écrit, chaque jour :les choses qui l'entourent ; le grenier qu'un déménagement a laissé à moitié vide, avec encore quelques livres, une table, un lit et les photos sur les murs. Les balades et l'arrière-pays brumeux ; l'étoile qu'il voit peut-être, entre les barreaux… s'il suffisait de tendre la main !

L'histoire se précise et se fait de plus en plus floue. Elle recrée un parcours, malgré les silences. Les écritures qui changent paraissent modelées l'une sur l'autre dans un réseau de mots et d'expressions communes.

Le « vous » est de rigueur. Deux seuls « tu » jailliront avec la violence d'une caresse interdite.

À la rentrée, il est libéré.

Je vais le chercher.

Il s'éloigne, grand et élancé, élégant, de la prison.

Libre.

Le temps des lettres est passé. 

Concours de nouvelles
La maison d'en face
 

Commentaires 1

Invité - Annie-Flore le samedi 19 octobre 2024 09:15

Une superbe écriture, poétique et forte, qui emmène et soulève le lecteur. Un rythme et un développement qui ajoute à l'adhésion vers un univers inconnu et des émotions en revanche plus partagées et qui participe à un grand plaisir. Bravo !

Une superbe écriture, poétique et forte, qui emmène et soulève le lecteur. Un rythme et un développement qui ajoute à l'adhésion vers un univers inconnu et des émotions en revanche plus partagées et qui participe à un grand plaisir. Bravo !
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Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

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